Jours-Etranges

Non, Je n'suis pas un Ange.

Mercredi 22 novembre 2006 à 17:46

Si Je t'écris aujourd'hui, c'est peut-être parce que tous les mots que j'aimerai te dire ne sortent pas. Des mots simples, pas grand chose, Juste pour te dire au combien Je t'aime.

Il ne te reste que quelques semaines, Tu as une tumeur.
Une tumeur maligne dont le nom m'échappe, mais de laquelle on ne réchappe pas.
Mais toi, toi tu ne sais pas tout ça; Nous non plus on ne le savait pas.
Jusqu'au jour où tu as mis les épluchures de légumes dans le tiroir à la place de la poubelle, quand tu ne savais plus les prénoms des uns des autres.
Là, on s'est inquiété.

Alors, on a fait le nécessaire, il fallait qu'on sache. Les prises de sang, les scanners, les médecins, défilaient de plus en plus. Toi qui fumais comme un pompier et buvais ton verre de vin et ta bière une fois par jour, on s'attendait à tout. Un cancer du poumon, de la gorge... mais pas à ça.
Non pas à ça. Cette tumeur, c'est un simple coup de malchance. Très rare, elle ne touche que les gens de Février avant leur 70 ans. Tu es de Février, et tu as 67 ans. Tes 68 ans, tu ne les verras pas venir ni même Noël peut-être.
Alors c'est fini tout ça ? Les journées paisibles avec Mamy ? Les matinées au PMU avec ta brune et tes potes ? Les repas de familles avec toi ? Les après-midis à la pèche ?

Oui, c'est fini. On ne te l'a pas dit, mais je suis sûre que tu le sais, tu sais que quelque chose ne va pas chez toi. Tu sais que tu n'as plus beaucoup de temps. Tu te vois dépérir comme on te voit dépérir. Tes joues sont creuses, tes yeux perdent de leur brillance, ton sourire s'efface. Toi, le grand blond aux yeux bleus magnifiques, le tombeur de ces dames d'après Mamy.
Ta vie ne rime plus à grand-chose, La dame en blouse blanche passe matins et soirs, on vient te voir tous les jours en espérant que cette fois on y arrivera à te dire tout ce que l'on ressent. Mais on repart toujours sans y avoir réussi.
Et toi dans tout ça ? Tu ressens quoi ? Tu ne dois plus comprendre ce que tu fais ici. Peut-être que tu voudrais en finir au plus vite au lieu de subir tout ça, peut-être que tu voudrais profiter de tes derniers instants.
J'aimerai tellement tout te dire, tout t'expliquer. Tu n'cesses de dire à Mamy que tu l'aimes, qu'elle est la plus belle au monde. Et ça nous réchauffe le coeur de t'entendre dire de telles choses et parfois même nous redonne de l'espoir un instant.

J'aime tellement quand tu me prends dans tes bras en me murmurant " Ma petite chérie " au creux de l'oreille; peut-être que bientôt Je ne l'entendrai plus.
J'aimais les histoires que tu me racontais, larme à l'oeil.
Du temps où tu allais chercher le charbon pour ta maman à pieds nus, pour la réchauffer. Du temps où tu travaillais à la mine avec ton casque, ton briquet et ta loupiote. Du temps où tu te battais avec ton frère qui te courrait après, un couteau à la main. Il doit sûrement se rendre compte à quel point il t'aime maintenant.
J'aimais nos batailles au pistolet à eau sur la plage, J'aimais quand tu me jetais toute habillée dans la piscine, J'aimais quand on rigolait à table et que personne ne comprenait pourquoi à part nous.
J'aimais l'été, quand Mamy et toi vous m'emmeniez à la plage, on jouait au "Ah, un creux" que nous seuls pouviont comprendre après avoir bu la tasse.
J'aimais nos leçons de patois, les discours que tu me tenais rien qu'en patois et J'te comprenais toujours, J'aimais t'entendre parler Allemand.
J'ai tellement de souvenirs avec toi, tellement que j'aimerai partager avec toi.

Mais tout ça, c'est fini. Fini. Ca va être dur, dur de ne plus sentir ta chaleur près de nous, mais peut-être que c'est mieux ainsi. Tu seras délivré de toutes souffrances et de battre ton coeur s'arrêtera.
Je ne te promets pas le paradis puisqu'il y a longtemps que Je n'y crois plus, mais Je suis sûre que quoi qu'il y ait après, Tu trouveras toujours meilleur qu'ici.
Et sois en sûr, Jamais notre mémoire ne t'effacera.

Tu vois, Papy, toutes ces choses j'aurais aimé pouvoir te les dire. Je me déteste d'être incapable de t'exprimer toutes ces choses. Tu resteras toujours dans mon coeur.

[Mon texte sera peut-être modifié.]

" La mort est un autre chemin, qu'il nous faut tous emprunter. "

Par Marianne le Dimanche 26 novembre 2006 à 13:24
july c'est trop beau tout ce que tu as écrit. crois moi je comprends tout ce que tu dis, mais toi au moins tu as su l'écrire même si tu l'as pas encore dit,. Moi pour mon frère je ne l'ai pas dit et encore moins écrit. Alors prends ton courage à 2 mains et vas y ma choupette!!! sinon tu vas vraiment mais vraiment le regretter !

je t'adore :*
 

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